Titre : |
De la nécessité d'une théorie des relations internationales : l'illusion paradigmatique |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Jean Louis, |
Année de publication : |
[s.d.] |
Importance : |
23 p |
Mots-clés : |
PARADIGME RELATIONS INTERNATIONALES REALISME THEORIE REALISTE CONSTRUCTION THEORIQUE |
Résumé : |
- Les relations internationales constituent-elles un territoire si particulier qu'elles nécessitent le recours à des paradigmes spécifiques, distincts des méthodes habituelles en sciences sociales ? Il ne le semble pas. Cependant, il convient de tenir compte des voiles successifs qui en obscurcissent le sens. Tout d'abord, les gouvernants, fussent-ils démocratiques, ne sont guère enclins à expliquer à l'opinion les raisons réelles de leurs engagements : bien entendu, parce que la plupart des citoyens s'y intéressent peu, mais aussi parce qu'ils ont tendance à les considérer comme un théâtre où se déplacent des personnages jouant une pièce inconnue- ils ont besoin d'un code pour comprendre la liturgie et applaudir les performances. Et les Princes savent qu'ils doivent, au regard de leurs valeurs culturelles et des attentes nationalistes du public, se donner le plus beau rôle. Aussi choisissent-ils d'évoquer les problèmes de la société internationale par un discours moraliste visant à désigner les bons et les méchants et, si possible,
précisant à quel point ils sont du bon côté! Les médias confortent l'essentiel du dispositif en renforçant à leur tour le caractère manichéen du discours et réservent à une mince élite des clefs de compréhension plus raffinées, mais souvent partisanes, en fonction de leurs propres références politiques. Le malaise s'accroît lorsque l'on constate à quel point l'Occident, lieu essentiel du débat théorique, trouve de bonnes raisons pour élaborer des doctrines interventionnistes fondées sur de grands principes ou de bons sentiments. D'abord l'Eglise et la guerre juste, puis la défense de la démocratie et des droits de l'homme : tout lui est bon pour continuer à s'attribuer la meilleure part, celle de la justice dans les relations internationales. Pour approcher tant soit peu l'essentiel, il faut donc passer au travers de ce premier barrage idéologique. Cependant, c'est pour mieux se trouver confronté à un deuxième, celui du langage diplomatique. Celui-ci a ses propres règles et en particulier une vision du temps différente de celle de l'opinion. La durée, la solution à long terme, la gestion méticuleuse des mots l'obligent à « euphémiser » les propos, à les enfermer dans unregistre très court, jouant sur les nuances sémantiques. Car le diplomate, s'il s'engage, prévoit aussi de se délier : il se doit de cultiver l'ambiguïté, source féconde d'une pluralité d'interprétations. Devrait alors intervenir le recours à la théorie qui, grâce à des paradigmes explicatifs, aiderait à percer le secret des Princes. Nous ne sommes pas loin de considérer pourtant qu'il s'agit encore d'une barrière contribuant à obscurcir le sujet plutôt qu'à l'éclairer. C'est à cette illusion paradigmatique que nous allons nous attacher. Tous ceux qui
reprochent à la théorie réaliste son cynisme cultivent une vision irénique et idéaliste de l'avenir des relations internationales. Toutefois, cette introduction de la morale a au moins un mérite, celui de poser une question au concept de théorie des relations internationales : est-il une modélisation d'une pratique politique ou est-il l'embryon d'une science capable de déduire de l'observation empirique des régularités répétitives ? La prise au sérieux de ces théories exigerait un choix entre ces deux possibilités.
Il est prudent cependant d'ouvrir le débat sur une autre hypothèse : ne sommes-nous pas en face d'un nouveau champ d'expression pour les idées politiques, préférant déserter les lieux traditionnels de la pensée? Nous penchons en faveur de cette dernière hypothèse. Cherchons donc à débusquer cette pensée derrière le masque d'une pseudoscience. Cela ne veut en aucun cas dire que nous négligeons ou tenons pour néant l'immense effort d'analyse déjà accompli. Bien au contraire, le rôle de la pensée politique, longtemps mésestimé sous l'influence du marxisme, s'affirme aussi bien dans la tentative de compréhension de la réalité, que dans la proposition de modèles de comportement, en vue d'améliorer ou de changer la vie politique. C'est dans cette direction que nous allons présenter la logique de la grande « bataille des paradigmes », avec l'espoir de démontrer que leurs distances ne sont pas aussi grandes que leurs concepteurs le prétendent |
Numéro du document : |
20B |
Niveau Bibliographique : |
1 |
Bull1 (Theme principale) : |
ACCORD INTERNATIONAL |
De la nécessité d'une théorie des relations internationales : l'illusion paradigmatique [texte imprimé] / Jean Louis, . - [s.d.] . - 23 p.
Mots-clés : |
PARADIGME RELATIONS INTERNATIONALES REALISME THEORIE REALISTE CONSTRUCTION THEORIQUE |
Résumé : |
- Les relations internationales constituent-elles un territoire si particulier qu'elles nécessitent le recours à des paradigmes spécifiques, distincts des méthodes habituelles en sciences sociales ? Il ne le semble pas. Cependant, il convient de tenir compte des voiles successifs qui en obscurcissent le sens. Tout d'abord, les gouvernants, fussent-ils démocratiques, ne sont guère enclins à expliquer à l'opinion les raisons réelles de leurs engagements : bien entendu, parce que la plupart des citoyens s'y intéressent peu, mais aussi parce qu'ils ont tendance à les considérer comme un théâtre où se déplacent des personnages jouant une pièce inconnue- ils ont besoin d'un code pour comprendre la liturgie et applaudir les performances. Et les Princes savent qu'ils doivent, au regard de leurs valeurs culturelles et des attentes nationalistes du public, se donner le plus beau rôle. Aussi choisissent-ils d'évoquer les problèmes de la société internationale par un discours moraliste visant à désigner les bons et les méchants et, si possible,
précisant à quel point ils sont du bon côté! Les médias confortent l'essentiel du dispositif en renforçant à leur tour le caractère manichéen du discours et réservent à une mince élite des clefs de compréhension plus raffinées, mais souvent partisanes, en fonction de leurs propres références politiques. Le malaise s'accroît lorsque l'on constate à quel point l'Occident, lieu essentiel du débat théorique, trouve de bonnes raisons pour élaborer des doctrines interventionnistes fondées sur de grands principes ou de bons sentiments. D'abord l'Eglise et la guerre juste, puis la défense de la démocratie et des droits de l'homme : tout lui est bon pour continuer à s'attribuer la meilleure part, celle de la justice dans les relations internationales. Pour approcher tant soit peu l'essentiel, il faut donc passer au travers de ce premier barrage idéologique. Cependant, c'est pour mieux se trouver confronté à un deuxième, celui du langage diplomatique. Celui-ci a ses propres règles et en particulier une vision du temps différente de celle de l'opinion. La durée, la solution à long terme, la gestion méticuleuse des mots l'obligent à « euphémiser » les propos, à les enfermer dans unregistre très court, jouant sur les nuances sémantiques. Car le diplomate, s'il s'engage, prévoit aussi de se délier : il se doit de cultiver l'ambiguïté, source féconde d'une pluralité d'interprétations. Devrait alors intervenir le recours à la théorie qui, grâce à des paradigmes explicatifs, aiderait à percer le secret des Princes. Nous ne sommes pas loin de considérer pourtant qu'il s'agit encore d'une barrière contribuant à obscurcir le sujet plutôt qu'à l'éclairer. C'est à cette illusion paradigmatique que nous allons nous attacher. Tous ceux qui
reprochent à la théorie réaliste son cynisme cultivent une vision irénique et idéaliste de l'avenir des relations internationales. Toutefois, cette introduction de la morale a au moins un mérite, celui de poser une question au concept de théorie des relations internationales : est-il une modélisation d'une pratique politique ou est-il l'embryon d'une science capable de déduire de l'observation empirique des régularités répétitives ? La prise au sérieux de ces théories exigerait un choix entre ces deux possibilités.
Il est prudent cependant d'ouvrir le débat sur une autre hypothèse : ne sommes-nous pas en face d'un nouveau champ d'expression pour les idées politiques, préférant déserter les lieux traditionnels de la pensée? Nous penchons en faveur de cette dernière hypothèse. Cherchons donc à débusquer cette pensée derrière le masque d'une pseudoscience. Cela ne veut en aucun cas dire que nous négligeons ou tenons pour néant l'immense effort d'analyse déjà accompli. Bien au contraire, le rôle de la pensée politique, longtemps mésestimé sous l'influence du marxisme, s'affirme aussi bien dans la tentative de compréhension de la réalité, que dans la proposition de modèles de comportement, en vue d'améliorer ou de changer la vie politique. C'est dans cette direction que nous allons présenter la logique de la grande « bataille des paradigmes », avec l'espoir de démontrer que leurs distances ne sont pas aussi grandes que leurs concepteurs le prétendent |
Numéro du document : |
20B |
Niveau Bibliographique : |
1 |
Bull1 (Theme principale) : |
ACCORD INTERNATIONAL |
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